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(Edito mensuel PME Finance – Avril 2015)

Le plan Juncker de relance de l’investissement est une excellente nouvelle pour l’économie européenne et celle de la France. Le nouveau Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), actuellement débattu par le Parlement européen après un premier accord du Conseil, sera doté de 21 milliards d’Euros provenant de fonds européens et de la Banque européenne d’investissement. Il servira à garantir des investissements additionnels à risque de la BEI. Le volume total des investissements finaux escompté, de 315 milliards d’Euros sur trois ans, devrait se répartir à hauteur de 240 milliards EUR dans les infrastructures stratégiques (transport, énergie, haut débit, transport, éducation, santé) et pour 75 milliards EUR en financements à risque des PME et ETI.

Environ un quart du plan de relance de l’investissement est dédié aux PME-ETI

Les PME-ETI européennes doivent donc se réjouir de ce dispositif, dont environ 25% leur est exclusivement dédié. Ceci est aussi vrai pour les entreprises françaises, car la France est typiquement le pays où le Plan Juncker peut-être particulièrement bénéfique ! Les chefs d’entreprises pourront, en particulier, compter sur l’action du Fonds européen d’investissement (FEI), la filiale de la BEI dédiée aux PME qui, en 2014, a consacré 213 M EUR aux PME françaises en prises de participations ou en garanties. Ces financements avaient engendré, grâce à leur effet de levier, un peu plus de 1 milliards EUR d’investissements nouveaux. La BEI avait, quant à elle, engagé 1,3 milliards de financements (sur 8,2 milliards de signatures en France) en faveur des PME-ETI avec l’aide de ses partenaires bancaires traditionnels (BNP, BPCE, CA).

L’action de la BEI dans le cadre du plan Juncker reposera sur un usage accru de produits à risques (garanties, contre-garanties, dette senior ou subordonnée, prêts participatifs, prises de participations, mécanismes de rehaussement de crédit) qui pourront, en tout ou partie, être utilisés au bénéfice des PME. L’action du FEI devrait reposer sur les instruments financiers de partage de risques qu’il a déjà en gestion et sur d’autres, nouveaux, qui répondront aux difficultés spécifiques de financement des PME. Compte tenu de leur fort effet de levier, attesté par les chiffres de l’activité en France en 2014, ces instruments devraient être en mesure de remplir l’objectif des 75 milliards EUR fixé dans le cadre du plan Juncker entre 2015 et 2018.

Le Fonds européen d’investissement et bpifrance pourront ancrer leur coopération

A l’instar de la BEI, qui coopère toujours mieux avec la CDC, le FEI pourra capitaliser sur les deux partenariats qu’il a pu nouer avec bpifrance en septembre 2013 et en décembre 2014. Le premier était un accord de financement des PME à hauteur de 750 M EUR et de garanties à hauteur de 200 M EUR. Le second était un accord pour mobiliser des investissements en fonds propres à hauteur de 500 à 600 millions EUR sur quatre ans dans les fonds français de capital-investissement soutenant les PME et ETI françaises. Ces deux coopérations établissent un partage d’objectifs, de méthodes, d’instruments et de personnel tout à fait attendu dans le cadre du plan.

Les gouvernements doivent s’engager en faveur du plan Juncker, non pas en présentant des listes de projets mal ficelées, mais en inscrivant surtout leurs politiques économiques en ligne avec les priorités et les modes de financements européens. A ce titre, il est positif que les gouvernements français et allemand aient récemment présenté, lors du Conseil des ministres franco-allemand du 31 mars, un programme conjoint de relance de l’investissement qui a vocation à s’intégrer dans le plan Juncker. Plusieurs des orientations qu’il contient concernent les PME, comme le développement du capital-risque en faveur des PME innovantes et la mise en place d’un programme européen à destination des PME-ETI industrielles pour faciliter leur utilisation de technologies numériques.

Les PME françaises, qui sont les fers de lance de l’activité économique de notre pays, doivent se réjouir du Plan Juncker de relance de l’investissement. Celui-ci est de nature à amplifier l’action des investisseurs publics (BEI, FEI, bpifrance) et de leurs partenaires bancaires tout en les dotant d’outils de financements nouveaux.

Olivier Marty